La première panacée pour une nation mal dirigée est l’inflation monétaire, la seconde est la guerre. Les deux apportent prospérité temporaire et destruction indélébile. Les deux sont le refuge des opportunistes économiques et politiques.
– Ernest Hemingway
L’ennemi chinois
Dans notre précédent article, nous avons remarqué en quoi les capitalismes américains et chinois étaient influencés de différentes façons par l’idéologie socialiste.
Pour autant, les États-Unis et la Chine ne sont pas près de s’entendre.
Chacun de ces deux pays a ses problèmes internes. Les États-Unis sont au bout d’un cycle d’endettement de long terme. Ils n’ont plus la possibilité de stimuler leur économie au travers d’une baisse des taux, ni même de rachats d’actifs (assouplissement quantitatif). Les États-Unis soutiennent l’économie par des déficits budgétaires jamais vus depuis la deuxième Guerre Mondiale qui sont monétisés par la banque centrale.
Les inégalités n’ont jamais été aussi fortes. Malgré les chèques de stimulus et les transferts sociaux, les politiques monétaires et budgétaires bénéficient surtout aux riches. Comment pourrait-il en être autrement ?
La fausse monnaie créée par la banque n’augmente pas les biens et services disponibles. Elle transfère du pouvoir d’achat des pauvres vers les riches. Les tensions vont donc aller en croissant dans la société américaine.
Dans ce contexte, historiquement, les politiciens trouvent un bouc-émissaire, un ennemi intérieur ou extérieur.
La Chine est le candidat idéal pour la description de poste. C’est d’ailleurs l’un des rares sujets sur lesquels Démocrates et Républicains semblent d’accord.
L’ennemi américain
L’Amérique représente désormais 20% du Produit Intérieur Brut mondial et sa part dans l’économie décroît. Par contraste, la Chine a atteint un pourcentage équivalent et continue de croître.
Historiquement, la puissance hégémonique n’abandonne pas de bon gré la première place.
Du côté de la Chine, le ton se durcit. Nous ne savons pas vraiment ce qui se passe à l’intérieur de l’appareil d’état Chinois. Mais comme dit Yogi Berra, on peut observer beaucoup de choses rien qu’en ouvrant les yeux.
Comme dans le cas des États-Unis, des tensions sociales majeures travaillent la Chine. A cause des avortements sélectifs, il y a un surplus de 15% d’hommes. Tous les amateurs de soirées savent que 60% de jeunes hommes est un ratio dangereux.
Notons aussi que le capitalisme Chinois crée beaucoup de richesses… et encore plus d’envieux chez les pauvres et au parti.
La société Chinoise pourrait être tentée par des aventures militaires pour faire diversion.
Les Chinois, à la différence des Américains apparemment, semblent avoir un plan. Depuis des années par exemple, la Chine réduit son exposition au dollar. Voici quelques exemples édifiants :
- Recyclage des dollars sous forme d’achat d’or par sa Banque Centrale…
- Recyclage des dollars en actifs réels au travers des projets d’infrastructures de la « Route de la Soie »…
- Commerce avec la Russie avec une part croissante hors dollar…
- Depuis 2013, achats de bons du Trésor américain au lieu d’obligations du Trésor. Les bons du Trésor ont une maturité très courte (quelques mois) ce qui limite plusieurs risques en cas d’hostilités.
Taïwan
La plupart des guerres sont des surprises… sauf pour ceux qui les préparent.
Il y a comme un scénario qui se répète depuis quelques années qui devrait nous mettre la puce à l’oreille.
La Chine a commencé à mettre la pression sur Hong Kong doucement, en tout cas selon le standard des régimes totalitaires. Ça n’a pas eu les résultats escomptés. Finalement, Pékin a tapé du poing sur la table.
De même, la Chine y était allée de façon progressive au Xinjiang, sans succès. Finalement, Pékin a perdu patience… et organise ce qui s’apparente à un génocide.
Pour ce qui concerne Taïwan, l’approche a été graduelle encore une fois. En réaction, les Taïwanais ont élu un indépendantiste…
Les Chinois sont des incompris, il faut croire.
S’ils attaquent Taïwan, tous les scénarios sont possibles. Au minimum, les Chinois auront droit à un gel de leurs avoirs. Classique….
Sauf que la Chine est devenue l’atelier du monde. Il faudra prévoir de graves répercussions sur les chaînes d’approvisionnement et sans doute une crise financière mondiale. Encore, oui.
A suivre,
Khalid Lyoubi