Séparatisme et crise économique forment un cocktail explosif

Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue, ou d’appartenir à un groupe ethnographique commun, c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir.

– Ernest Renan

Séparatismes

Les Espagnols ont récemment brimé les velléités indépendantistes catalanes. Les autorités françaises sont préoccupées par les séparatismes. Le Maroc a rétabli des liens avec Israël pour avoir les coudées franches au Sahara Occidental.

Des forces centrifuges travaillent les états-nations de l’intérieur. En l’absence d’un ennemi extérieur commun, il devient difficile de faire taire les voix dissidentes.

Ne comptez pas sur une guerre, même accidentelle, pour inverser la tendance. Edward Luttwak explique que nos sociétés ne tolèrent pas les pertes militaires à cause du phénomène appelé « mammismo ». Les parents qui ont un seul enfant n’imaginent pas de le perdre, et encore moins dans une guerre au bout du monde.

Les États-Unis n’échappent pas à ces tendances. La récente élection présidentielle nous a prouvé le degré de polarisation de la société américaine. Un récent sondage de Bright Line Watch enfonce le clou :

Au total, 29% des répondants approuvent l’idée d’une séparation du pays en plusieurs régions ayant les mêmes valeurs (10% tout à fait d’accord, 19% plutôt d’accord). Le niveau d’approbation est le plus élevé chez les Républicains (35%), les indépendants (37%) contre seulement 21% chez les Démocrates.

Nous pouvons nous consoler en nous disant que notre situation est plus enviable que celle des états créés de toutes pièces en Afrique et au Moyen-Orient.

Le dépôt de bilan

Le Liban ressemble de plus en plus à un état failli… A la fin 2019, un dollar s’échangeait contre 2000 livres libanaises. Aujourd’hui, il en faut 10000. Il n’y a plus de gouvernement, non pas que cela aurait changé quoi que ce soit.

Il reste tout de même un président, Michel Aoun. Ce dernier accuse les spéculateurs et vient d’ordonner une enquête sur le crash de la devise libanaise. Les « spéculateurs » auraient peut-être une autre hypothèse sur l’origine du crash.

Depuis un an, l’inflation qui est la réciproque de la valeur de la monnaie, s’emballe. France24 rapporte ces chiffres :

Les produits de première nécessité ont été multiplié par quatre ou plus. Ainsi, le kilo de lentilles que l’on mange dans les foyers modestes est passé de 1 500 à 9 000 livres. Les clémentines de 3 000 à 12 000 livres. Le pain a lui augmenté de 30 %. […] La crise économique a entraîné un Libanais sur deux sous le seuil de pauvreté contre 28 % en 2018.

Avec la disparition de la classe moyenne libanaise, les antagonismes risquent de s’accroître entre les communautés sunnite, chiite, druze, maronite… sans compter les réfugiés palestiniens et syriens.

En somme, le Liban combine des caractéristiques de l’Argentine et l’ex-Yougoslavie, et pas les meilleures.

A suivre,

Khalid Lyoubi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *