Les politiciens donnaient les ordres dans l’économie de l’URSS, et les économistes étaient autorisés à trouver les raisons pour lesquelles les ordres donnés étaient admirables.
– Francis Spufford, Red plenty
Warren Buffett
Le vénérable Warren Buffett, âgé de 89 ans, prépare sa sortie. Son successeur désigné à la tête des activités hors assurance de Berkshire Hathaway est un jeune Canadien de 58 ans, Greg Abel.
Pour le moment, Buffett est encore aux commandes. Il a annoncé que les entreprises du conglomérat augmentaient leurs prix… comme tout le monde et en particulier comme leurs fournisseurs. Les hausses de prix semblent bien acceptées, paraît-il.
Yahoo! Finance rapporte ses propos lors de la conférence annuelle des actionnaires :
A ce stade, il n’y a plus vraiment de doute sur le retour de l’inflation… La FED dit que ce sera transitoire, d’autres croient que l’inflation est là pour durer. A vrai dire, nous n’en savons rien. Nous ne faisons qu’observer.
L’inflation est malhonnête
Du reste, l’inflation n’est peut-être que le symptôme d’autre chose. Si un prix augmente, c’est que quelqu’un, quelque part, l’a décidé. Cette personne a mûrement réfléchi son geste avant d’effacer l’ardoise et d’inscrire le nouveau prix. Elle a pris le risque que son client aille voir ailleurs ou se fâche, ou les deux.
L’inflation, c’est une forme de triche, presque une agression. Un peu comme dans un avion lorsque le passager devant vous abaisse son dossier pour être plus à l’aise. Il sait ce qu’il fait et ce que ça signifie pour le passager en arrière.
Vous faîtes de même avec votre siège pour ne pas être perdant. Et ainsi de suite… jusqu’au malheureux au fond de la cabine qui ne peut pas reculer son siège… et qui, de plus subit déjà la proximité des toilettes.
Au bout de la chaîne, le consommateur est celui qui paie pour l’inflation, sans pouvoir y faire grand chose. Il sera obligé de se ratatiner et faire avec… ou sans. Dans ce scénario, la victime ne fait qu’encaisser, si vous nous permettez l’expression.
Mais ce pourrait être différent.
Inflation salariale
Selon la théorie économique classique, le syndicalisme est une source d’inflation.
Le consommateur malheureux pourrait en effet rendre la pareille à l’entreprise en exigeant un salaire plus élevé. La demande a bien sûr plus de chance d’aboutir si elle est assortie d’une menace de grève du syndicat.
Tout cela a bien du sens au détail près que c’est en fait l’inflation qui est la cause du syndicalisme, et non le contraire.
Lorsque les salaires augmentent, la boucle est bouclée et le cycle reprend. L’entreprise augmente à nouveau ses prix, et l’inflation s’emballe.
Coercition
Le gestionnaire d’actifs Black Rock a essayé de faire voter deux résolutions pour que Berkshire Hathaway se plie à la mode du moment : le développement durable. Mais ce n’est pas au vieux sage d’Omaha qu’on apprend à faire la grimace. Les deux propositions ont été rejetées.
Nous n’avons rien contre le développement durable. Mais soyons sérieux, nos déchets viennent bien de quelque part… S’ils retournent d’où ils viennent, quelle différence cela fait-il?
Comme l’a dit George Carlin, peut-être que la Terre avait besoin de plastique et a créée l’homme uniquement qu’il le lui fabrique ?
Ce qui est intéressant dans l’anecdote sur Black Rock, ce n’est pas tant le sujet que l’approche : la coercition motivée par une idéologie douteuse voire irrationnelle.
Dans la série des fausses bonnes idées, les États-Unis, patrie du turbo-capitalisme où les droits de propriété sont les mieux protégés au monde, soutiennent la proposition d’une « suspension temporaire de la propriété intellectuelle » sur les vaccins.
Qu’en termes élégants, ces choses-là sont dites.
Conséquences inattendues
Il s’agit ni plus ni moins que de confiscation. Les bureaucrates, les apparatchiks, les élites politico-médiatiques, les militants de la justice sociale, ceux qui veulent « couper les fonds à la police », les experts, les milliardaires philanthropes, ceux qui veulent faire le bonheur des autres malgré eux… tout ce beau monde-là n’a jamais entendu parler de conséquence imprévue.
Qu’est-ce qui pourrait mal tourner?
D’abord, les compagnies pharmaceutiques risquent d’être moins enclines à développer des vaccins novateurs s’ils doivent partager les fruits de leur travail avec la terre entière. D’autre part, en offrant la recette secrète à tous les pays, il faudra s’attendre à une compétition pour les ingrédients et les équipements, ce qui risque de créer des problèmes de production y compris aux États-Unis.
C’est cher payé pour se donner bonne conscience. Mais si quelqu’un d’autre règle l’addition, où est le problème?
En l’occurrence, les décisions stupides des gouvernements ont pénalisé les entreprises innovantes par la gratuité des vaccins… la génération suivante par les dettes… les épargnants par l’inflation… les enfants et les femmes par la gestion du virus…
Distorsions
Nous sommes donc très loin des échanges « gagnant-gagnant ». En fait, les gains des uns sont de plus en plus souvent au détriment des autres. Comment pourrait-il en être autrement quand l’esprit des temps est de vouloir quelque chose pour rien?
Lorsque les signaux économiques sont faussés, rien ne va plus. Les taux artificiellement bas créent des distorsions. Ils permettent à la grenouille de passer pour un bœuf et parfois de le devenir au travers d’une spéculation réussie. Une sorte de brouillard recouvre la réalité des choses.
Par exemple, le prix des matières premières a augmenté significativement depuis un an. Mais qui dit qu’il ne s’agit pas comme dans les années 70 d’achats de précaution des industriels confrontés aux pénuries? Peut-être que lorsque les stocks seront pleins, la demande s’effondrera, comme cela s’est produit pour le papier toilette…
A mesure que les « enfermistes » sont vaccinés et que la peur s’estompe, les restaurants rouvrent et font face à de nouveaux défis. Les restaurants sont en compétition les uns avec les autres pour la main d’œuvre, mais aussi pour le poulet! En effet, pour produire du poulet, il faut aussi de la main d’œuvre.
Les employés sont une denrée rare car certains ont été traumatisés par les médias et ne sont pas près de courir le risque d’être infecté, d’autres doivent garder leur enfant à la maison car l’école est fermée, d’autres encore préfèrent toucher les chèques du gouvernement.
Les économistes pensent que nous ne pouvons pas avoir de l’inflation sans inflation sur les salaires. Eh bien, l’inflation sur les salaires est là elle-aussi aussi.
A suivre,
Khalid Lyoubi