Le printemps inflationniste

L’or est extrait du sol quelque part en Afrique ou ailleurs. L’or est ensuite fondu. On creuse un autre trou, on l’enfouit à nouveau et on paie des gens pour en assurer la garde. L’or n’a aucune utilité. Un Martien qui observerait le tout depuis sa planète ne saurait quoi en penser.

– Warren Buffett

Le virus

La presse n’en parle pas beaucoup, mais le nombre de cas d’infection rapporté diminue enfin. Inexorablement, l’immunité de groupe progresse que ce soit par la vaccination, l’immunisation ou la mort. Peut-être que cette bonne nouvelle (l’immunité de groupe, pas la mort) explique pourquoi les marchés repartent à la hausse ces derniers jours ?

Nous nous prenons aussi à imaginer une autre raison de la baisse des cas. Pensez à ces braves gens qui font un peu de fièvre mais vont préférer ne pas se faire tester. L’idée de faire insérer un écouvillon long comme la main à la travers le visage ou d’être enfermé de force chez eux pour une ou deux semaines est loin d’être attrayante. Une petite méfiance s’installe dans les esprits.

Ici, au Québec, la Santé Publique a par exemple constaté que les personnes contacts répondaient beaucoup moins à ses appels dès lors que le non-respect des consignes fut devenu passible d’amendes de 1500$ et plus.

Une poussée d’inflation ne fait pas le printemps

Malgré la deuxième vague (ou est-ce la troisième ?) et les versions exotiques du virus, le printemps sanitaire pointe le bout de son nez. Toute cette demande latente insatisfaite, toutes ces croisières, tous ces massages, et toutes ces fêtes manqués depuis près d’un an, il va falloir les rattraper.

L’argent a coulé à flot en 2020. La masse monétaire, c’est-à-dire principalement les dépôts bancaires, a augmenté de près de 20% en un an. Mais pas moyen de dépenser son argent ailleurs que dans des gadgets, dans l’alcool ou peut-être dans une procédure de divorce.

Une petite inflation au-delà de 2%, si elle se produit dans les prochains mois, va faire jubiler Wall Street, sans mauvais jeu de mot. Nous savons que l’inflation sur les denrées alimentaires est déjà bien au-delà. En Tunisie, au Liban ou en Argentine, la population ne semble pas apprécier la bonne nouvelle à sa juste valeur.

Le problème avec l’inflation, c’est que personne ne comprend réellement comment elle fonctionne. Historiquement, à partir de 4% d’inflation, les marchés trouvent ça beaucoup moins drôle. Les profits des entreprises commencent à souffrir de la hausse des coûts des produits de base. Le taux d’inflation devient également plus visible pour plus de monde. Les employés, en tout cas ceux qui sont syndiqués, auront tendance à réclamer, pas toujours gentiment, des revalorisations salariales.

Et l’or dans tout ça?

En plus des déficits budgétaires abyssaux et du bilan exponentiel des banques centrales, l’inflation à venir devrait être une excellente nouvelle pour l’or. Pourtant, le métal jaune file un mauvais coton depuis quelques mois déjà et la tendance se détériore franchement depuis quelques jours.

Pourquoi l’or baisse-t-il ? Nous faisons la réponse du berger à la bergère : parce qu’il y a plus de vendeurs que d’acheteurs. Pour chaque survivaliste qui achète une pièce d’or aux États-Unis pour l’enterrer dans son jardin, quelque part en Inde, quelques centaines de pauvres gens défoncent un mur de leur maison, où leur or est caché, afin de pouvoir s’acheter de quoi manger. Après tout, c’est à ça que sert l’or : acheter le droit de survivre.

L’or est parfois considéré comme une obligation avec un coupon nul. Un coupon nul dans un monde d’intérêt négatif, ce n’est pas si mal, d’autant que l’or n’a pas de risque de contrepartie (le risque qu’on ne vous rende pas votre argent). Dernièrement, les taux d’intérêts américains ont légèrement augmenté tandis que l’inflation n’a pas bougé, du moins pas encore. Le taux d’intérêt réel des obligations du trésor américain a donc augmenté un petit peu, ce qui rend l’or un peu moins intéressant en comparaison.

Est-ce que ça va durer ? Pour cela, il faudrait ou bien que les taux d’intérêt continuent d’augmenter, ce qui mettrait en difficulté l’état américain étant donné son endettement, ou bien que l’inflation diminue.

Cordialement,

Khalid Lyoubi

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