Ce qu’il y a de bien avec l’inflation, c’est que, quand on va au supermarché avec vingt dollars, on en ressort plus vite qu’il y a un an.
– De Alda Cammarota
Dollar menacé
Le dollar peut remonter ou diminuer brutalement à tout moment.
Mais sa trajectoire à long terme est connue. Comme le Florin hollandais puis la livre Sterling britannique, le dollar américain déclinera avec l’empire qu’il représente.
Nous avions déjà mentionné dans un précédent article quelques manœuvres de la Chine et de la Russie pour réduire leur exposition au dollar.
Tout récemment, Kenneth Rogoff a avancé l’idée que la Chine pourrait aller plus loin prochainement. The Guardian indique :
[L]es autorités chinoises vont probablement un jour mettre un terme à l’arrimage du renminbi à un panier de devises, et passer à un régime moderne de ciblage de l’inflation, qui permettra au taux de change de fluctuer plus librement, en particulier vis-à-vis du dollar. Lorsque cela se produira, attendez-vous à ce que l’essentiel de l’Asie se règle sur la Chine. A un moment donné, le dollar, actuellement la monnaie d’arrimage pour deux tiers du PIB mondial, pourrait perdre environ la moitié de son importance.
Chaque décision dans ce sens affaiblit la monnaie américaine. Le résultat ? L’augmentation des taux d’intérêts… De l’inflation importée… Bref rien de bon pour le consommateur américain.
Inflation imminente
Le « privilège exorbitant » du dollar pourrait donc bien toucher à sa fin…
Ce sera donc également la fin du principal produit d’exportation des États-Unis depuis plusieurs décennies, à savoir le dollar.
Certains comme Napier Russel, tablent sur une inflation de 4% dès cette année uniquement du fait des plans d’aide et des garanties de prêts. Mais cela ne tient même pas compte du plan d’infrastructure de Biden, ni d’éventuelles surprises sur le dollar, ni encore d’un conflit au Moyen-Orient.
Les pressions inflationnistes ont aussi commencé à se faire sentir au niveau des commerces de détails. Les principales enseignes aux États-Unis mentionnent un inventaire faible, la hausse des coûts et la diminution des promotions.
En clair, l’inflation ne va pas tarder à se voir même dans les données gouvernementales.
Il n’y a que Walmart pour ne pas changer les prix… mais la qualité ! La direction de l’entreprise explique :
Nous travaillons avec les fournisseurs – si nous avons une inflation des coûts, nous nous demandons comment nous pouvons changer le produit.
Frénésie immobilière mondiale
S’il est un endroit où l’inflation est déjà bien présente, il s’agit du marché immobilier et pas qu’un peu.
Certains disent que l’immobilier est une question d’emplacement, d’emplacement, d’emplacement… Mais cette année, les prix augmentent partout dans le monde.
Du côté de la Chine, face au boom immobilier, l’approche est rustique… Les autorités ont exigé des banques qu’elles contingentent le crédit immobilier… Nous verrons bien ce que ça donne…
Aux États-Unis, il y a une frénésie et une surenchère sur les prix. Cette-fois ci, il ne s’agit pas de prêts Ninja (pas de revenu, pas d’actif). En fait, certains ont tout simplement suivi le conseil de John Paulson en achetant une deuxième maison…
En février, la part des dossiers d’hypothèques pour une maison secondaire a atteint 14% contre 8% en février 2020 selon la « Mortgage Bankers Association ».
Le primo-accédant doit également compter avec la concurrence… des fonds de pension.
Ce n’est pas assez que les boomers restent dans leur maison trop grande pour eux, il faut en plus que leurs fonds de pension achètent les autres.
Le Wall Street Journal nous informe que :
Le constructeur immobilier le plus actif au pays, a enregistré environ deux fois le volume qu’il réalise typiquement en vendant aux ménages de la classe moyenne – un début encourageant pour ligne d’affaires des ventes de blocs résidentiels entiers à des investisseurs.
Pourquoi travailler quand on peut spéculer avec de l’argent non gagné et non mérité ?
Quand la monnaie ne vaut rien, les vauriens sont monnaie courante.
A suivre,
Khalid Lyoubi