Ne pensez jamais qu’une absence de variabilité est la stabilité. Ne confondez jamais l’absence de volatilité avec la stabilité.
– Nassim Taleb
Forces inflationnistes
Dans notre précédent article, nous avions évoqué les forces déflationnistes qui pèsent sur l’économie et les marchés.
Aujourd’hui, il est question des forces inflationnistes et de qui l’emportera.
Après une décennie perdue, les commodités donnent des signes de vie. Le pétrole valait près de 10$ en avril 2020. Il vaut aujourd’hui 65$. Le cuivre est à un plus haut de huit ans à près de 4$ la livre.
Il y a deux façons de voir et les deux sont synonymes de davantage d’inflation. La première est que ce ne sont pas les commodités qui deviennent plus chères mais le dollar se dirige vers sa valeur intrinsèque… La seconde est que les entreprises passent au consommateur la patate chaude de l’inflation des matières premières.
Dans tous les cas, la tendance risque de se renforcer à mesure que les citoyens vaccinés retrouvent leur droit de circuler.
La deuxième force inflationniste est le vieillissement de la population. Les économistes considèrent en général que c’est une force déflationniste, mais qui serait assez bête pour les écouter ?
Au Japon, le vieillissement de la population est déflationniste car les retraités ont limité leur consommation durant leur vie active pour la reporter après la retraite. On appelle cela épargner.
Dans les sociétés occidentales, la situation est un peu différente. Une très grande partie des boomers n’a pas de capital du tout! A l’âge de la retraite, ils deviendront une charge pour la société… un peu comme les jeunes, mais avec des frais de santé très élevés et sans espoir de pouvoir récupérer l’investissement.
La troisième force, et non la moindre, est la capacité des gouvernements de créer de l’inflation en faisant tourner la planche à billets. Comme l’a écrit, Bernanke :
La démondialisation
La mondialisation a contribué à réduire l’inflation grâce au travail à bas coût dans les pays du Sud-Est asiatique et notamment en Chine.
Mais là encore, le vent tourne. Peut-être sommes-nous en train de passer du « Juste à temps » des chaînes d’approvisionnement au « Juste au cas où » ?
Nos gouvernants n’avaient certes pas l’air malin à se disputer les cargaisons de masques de protection bon marché. Ces jours-ci en France, nos politiciens ne crient pas cocorico après l’échec de Sanofi à produire un vaccin.
Il y a bien sûr toujours un risque dans la recherche. On cherche… Parfois on trouve, parfois non. Dans le cas de Sanofi, nous ne pouvons pas reprocher un manque d’innovation. Tout comme Serge Tchuruk, en 2001, qui déclarait qu’« Alcatel doit devenir une entreprise sans usines », Sanofi veut devenir une entreprise pharmaceutique sans chercheurs. En 2021, 400 de leurs chercheurs devront chercher… un emploi.
Le Canada doit lui aussi faire des pieds et des mains auprès de Pfizer ou de Moderna pour se procurer des vaccins. Mais au moins le Canada a l’excuse de ne même pas avoir d’industrie.
Le retour de la volatilité
Attention spoiler. L’inflation va remporter le match.
La déflation sera détruite mais le système monétaire aussi avec. Si la conclusion est claire, le chemin pour y parvenir ne l’est pas.
Ça peut commencer par un peu d’inflation… puis les taux remontent et/ou le prix des matières premières augmente… par la suite, les entreprises zombies font faillite et les autres voient leurs profits disparaître… ce qui entraîne l’effondrement de la bourse… Entre temps, l’immobilier aussi explose en plein vol… Finalement, le gouvernement envoie un chèque de 100000$ à tout le monde…
Les plaques tectoniques de l’inflation et de la déflation sont en contact. Les énormes pressions accumulées semblent à l’équilibre… jusqu’à ce que la terre se fende sous vos pieds.
Nous ne spéculerons pas sur ce qui va se passer, ni dans quel ordre. Mais gageons que la volatilité, avant l’inflation, va faire son grand retour.
A suivre,
Khalid Lyoubi