Les États-Unis se vantent de leur système politique, mais leur président dit une chose pendant l’élection, une autre lorsqu’il prend ses fonctions, autre chose à mi-mandat et encore une autre lorsqu’il quitte ses fonctions.
– Deng Xiaoping
Qui veut la paix…
Lorsque Bill Clinton a permis à la Chine de se joindre à l’Organisation Mondiale du Commerce, il y a de cela plus de vingt ans, il avait sans doute quelques arrière-pensées.
Certes, il y avait les lobbys avides rêvant à l’exploitation sans limite de centaines de millions de travailleurs chinois. Mais surtout, le gouvernement américain espérait que grâce à la libéralisation de l’économie, le régime communiste tomberait de lui-même comme une pomme pourrie.
Comment expliquer autrement les renoncements américains face au vol de propriétés intellectuelles et à l’absence de réciprocité de la part de la Chine ?
Mais l’histoire en a décidé autrement. La Chine ne s’est pas laissée aller aux sirènes du consumérisme. Elle a travaillé d’arrache-pied pour devenir une nation industrialisée en un temps record.
En un sens, la Chine est plus proche de la démocratie d’Athènes que ne le sont les États-Unis ou les pays européens : pour un citoyen (membre du Parti), on trouve cinq esclaves (travailleurs).
Le parti communiste chinois fonctionne comme une méritocratie collégiale et sélectionne les meilleurs éléments pour gouverner. Suivant l’exemple de Thémistocle, qui a convaincu les Athéniens d’utiliser les revenus des mines d’argent pour construire une flotte de combat, les dirigeants chinois préparent eux-aussi l’avenir.
Fin de règne
De l’autre côté du Pacifique, il n’est pas vraiment question de se projeter dans l’avenir. Les plans d’aide, les chèques de stimulus, les prêts garantis, les projets inclusifs, les taux bas etc., tout est fait pour le présent. Au diable le futur.
Mais le futur finit malgré tout par se produire.
Les dirigeants occidentaux, élus par la majorité, ont la vue courte. En général, ils ne voient pas plus loin que les prochaines élections. Mais Les gouvernements ne sont pas les seuls à blâmer.
La population a donné son assentiment à la fermeture de l’économie pour un virus qui tue à 90% les plus de 65 ans. La jeunesse n’espère plus faire fortune par le travail ou l’esprit d’entreprise mais grâce à la spéculation frénétique dans les cryptomonnaies, les actions ou l’immobilier.
Les États-Unis, en théorie toujours la première puissance économique mondiale, sont passés du statut de premier créditeur mondial en 1980 à celui de premier débiteur aujourd’hui. Sur la même période, la dette publique a été multipliée par 30… Et elle augmente de plus en plus vite.
Rendements négatifs
Dans ce contexte de tension croissante entre la puissance montante et la puissance déclinante, à quoi devrions-nous nous attendre ?
La Chine est passée du statut de partenaire commercial à celui de rival et progresse très vite du statut de rival à celui d’ennemi.
Dans ces conditions, l’efficience des lignes d’approvisionnement, les bas coûts de main d’œuvre, les économies d’échelle de la mondialisation pèsent bien peu au regard du risque d’être à la merci de l’adversaire.
Il faut donc s’attendre à moins de mondialisation.
La démondialisation signifie moins de productivité, des coûts de productions plus élevés, des sanctions suivies de mesures de rétorsions, plus de chômage chez eux et plus d’inflation chez nous.
Pour connaître les grands perdants de la démondialisation, il suffit de se rappeler qui ont été les grands gagnants : les entreprises multinationales. L’inflation élevée à venir n’est pas non plus une bonne nouvelle pour elles.
Aussi, il ne faut pas rêver.
Les rendements à long terme des actions américaines seront très décevants. Ne parlons même pas du dollar, et encore moins de la version long terme du dollar : les obligations.
A suivre,
Khalid Lyoubi