L’énigme du boom des matières premières

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Le prix d’une action peut tomber à zéro. Ce n’est pas le cas des matières premières. A la différence des actions d’une entreprise, les matières premières sont de vraies choses qui vaudront probablement toujours quelque chose pour quelqu’un.

– Jim Rogers

Commodités en feu

La plupart des matières premières ont vu leur cours flamber depuis un an. Quelle est la part de spéculation ? Quelle est la part liée au déséquilibre de l’offre et la demande ? Nous le serons peut-être bientôt.

Comment expliquer, par exemple, la forte hausse du prix du soja alors même que les récoltes ont été excellentes chez les principaux producteurs, les États-Unis et le Brésil ?

Nous avions déjà parlé du bois d’œuvre dont le prix a été multiplié par trois depuis un an. Les métaux et les produits agricoles ne sont pas en reste puisqu’ils atteignent des sommets les uns après les autres.

Ainsi le prix du cuivre a récemment dépassé 10000$ la tonne. Même le maïs se joint au mouvement avec une augmentation de 50% depuis le début de l’année et de près de 100% depuis un an.

L’or à la traîne

Seul l’or est à la traîne. Toutefois, l’or n’est pas une matière première comme les autres.

L’or est également un instrument financier, un genre d’obligation qui ne verserait aucun intérêt mais qui protègerait de l’inflation. Tant que les taux d’intérêt nominaux longs seront supérieurs à l’inflation, l’or sera moins intéressant qu’une obligation. Du moins, pour un trader qui vend et achète à court terme.

A long terme, le portrait est différent. Si vous détenez vos obligations plus de quelques mois, il faudra compter avec d’autres risques. Il y a le risque de défaut de l’oncle Sam. Il y a aussi le risque que les dollars que représente l’obligation valent beaucoup moins. Enfin, il y a le risque que les taux d’intérêt continuent leur ascension, ce qui fera plonger la valeur de l’obligation.

Achats de précaution

Dans la mesure où rien de notable n’a affecté l’offre de matières premières, il faudrait rechercher l’explication à la hausse des prix du côté de la demande.

Par exemple, il semblerait que la Chine soit au milieu d’une frénésie d’achat de produits de base. Nous ne connaissons pas les motivations de la Chine. Néanmoins, elle aurait deux bonnes raisons d’agir de la sorte.

D’abord, il y a les sanctions américaines, les tensions avec Taïwan, et reconnaissons-le, la nouvelle agressivité chinoise. Tout cela augmente les chances d’un conflit. Comme il vaut mieux prévenir que guérir, la Chine préfère faire ses provisions avant que la marine américaine ne bloque le détroit de Malacca.

Ensuite, étant donné l’empressement des Américains à faire tourner la planche à billets, la Chine aurait tout intérêt à dépenser ses dollars tant qu’ils ont encore de la valeur… et acheter de vraies choses.

Inflation problématique

Derrière le boom des matières premières, nous reconnaissons, tapi dans l’ombre, le suspect habituel : l’inflation.

Les marchés attendent anxieusement le taux officiel calculé sur les douze derniers mois. Le chiffre ne sera pas beau. Certains parlent de 3,6%. Nous verrons bien!

Si l’inflation s’installe dans la durée, si elle prend ses aises, et prolonge un peu trop son séjour, la panique pourrait s’installer. Rappelons que les autorités n’ont pas fait montre de beaucoup de courage pour un virus qui tue principalement des mourants. Nous ne croyons pas qu’elles auront la force morale de « ne rien faire » cette fois-ci non plus.

En fait, advenant une inflation durable de 4% ou 5%, la FED se sentirait obligée d’augmenter ses taux, avec toutes les conséquences prévisibles : krach boursier, faillites d’entreprise incapables de se refinancer et hausses du déficit à cause du service de la dette.

A suivre,

Khalid Lyoubi

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