Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
– Proverbe
Le conseiller financier
Il y a deux types de personnes aujourd’hui. Ceux qui doivent faire ce que l’ordinateur leur dit de faire et ceux qui programment ce que l’ordinateur doit faire.
Tout le monde a sans doute déjà rencontré un conseiller financier. Il parait que certains ont même un Master. Pourtant, leur travail consiste simplement à établir votre profil de risque et à vous dire ce que l’ordinateur en pense.
Vendons tout de suite la mèche. Le supposé profil de risque est principalement basé sur votre âge. S’il vous reste peu de temps sur cette planète, vous n’allez sans doute pas mettre vos économies dans des actions…
A partir du profil de risque, l’ordinateur va générer le « bon » mix entre actions et obligations. Un retraité se verra par exemple proposer 80% en obligations et 20% en actions.
Cela semble très prudent, en effet. Du moins c’est l’idée reçue.
Ce type de portefeuille composé d’actions et d’obligations est la tarte à la crème des investisseurs depuis 40 ans. Il a tout pour plaire. Les obligations fournissent un revenu certain grâce à leurs coupons. La baisse continue des taux d’intérêts depuis 40 ans a aussi permis des gains en capital (le prix d’une obligation augmente lorsque les taux d’intérêt diminuent). D’un autre côté, durant la même période, les actions et particulièrement les actions américaines ont connu un marché haussier historique.
Enfin, et c’est la cerise sur le gâteau, chaque fois que le marché action a connu un trou d’air, la composante obligataire du portefeuille compensait les pertes sur les actions.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin.
Risque sans intérêt
En mars 2020, quelque chose d’étrange s’est produit. Tandis que les actions plongeaient, les obligations les plus sures du monde, celles du Trésor américain ne trouvaient pas d’acheteur. Il y a toutes sortes d’hypothèses à ce sujet. Voici la plus simple.
Les gouvernements ont mis à l’arrêt leurs économies en mars. Cependant, ils devaient continuer à payer leurs dettes ou à acheter du pétrole, ce qui nécessite des dollars. D’autre part, leurs revenus d’exportation chutait. Les gouvernements et les entreprises ont donc fait ce que n’importe qui aurait fait : ils ont cassé la tirelire. Ils ont vendu, tous en même temps, les obligations américaines pour obtenir des dollars. Le résultat a été que le prix des obligations et des actions a diminué en même temps.
Qu’en est-il de la tendance sur les taux d’intérêt? Depuis quelques années déjà, les taux d’intérêt à travers le monde sont quasi-nuls voire négatifs. Est-ce qu’il est raisonnable de penser qu’ils vont continuer de baisser? Tout est possible, mais pour y arriver, il faudrait faire disparaître l’argent liquide et euthanasier le système bancaire.
Enfin, les banques centrales et les gouvernements occidentaux ont commencé à dépenser comme s’il n’y avait pas de lendemain. Mais le futur finit quand même par arriver.
D’une façon ou d’une autre, les gouvernements vont faire défaut. La façon honnête de faire défaut est de dire « Désolé, on s’est plantés, on ne va pas pouvoir vous rendre votre argent, vous avez eu tort de nous faire confiance ». La façon malhonnête de faire défaut est la plus habituelle, malheureusement. Elle consiste à « rembourser » la dette avec du papier sans valeur.
Comme l’a dit Jim Grant, les obligations souveraines vous offrent désormais du « risque sans intérêt » au lieu « d’intérêt sans risque ».
Cordialement,
Khalid Lyoubi