Le nouveau plan d’infrastructure va coûter cher

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Tous les hommes politiques appliquent sans le savoir les recommandations d’économistes souvent morts depuis longtemps et dont ils ignorent le nom.

– John Maynard Keynes

Programmes d’aide américains

Ron Paul avait l’habitude de dire que le nom d’un programme gouvernemental exprimait exactement le contraire de son intention.

Récapitulons, au cours des douze derniers mois, l’oncle Sam a concocté ces plans :

  • « CARES act », mars 2020, 2,2 billions
  • « HEROES act », mai 2020, 3 billions
  • « Covid19 Relief Plan », mars 2021, 1,9 billion

A vous de juger si ces plans sont responsables, courageux, et réellement destinés à combattre le virus. En une année, le gouvernement américain a dépensé – en plus de son budget de fonctionnement – la somme rondelette de 7,1 billions de dollars.

Autrement dit, le gouvernement américain a dépensé deux fois plus qu’il n’a collecté d’impôts. Cela ne ressemble pas à du développement durable… mais Joe Biden va y remédier bientôt.

Son administration prépare le terrain pour un plan de 3 billions de dollars supplémentaires portant sur l’infrastructure, les énergies renouvelables et l’éducation.

Ce sera toujours mieux que d’envoyer des chèques pour que les gens restent chez eux à regarder des séries Netflix…

Hausse des impôts

Il y a quand même un hic. Les dernières ventes aux enchères des obligations du Trésor ont été un flop alors même que la FED rachète 120 milliards d’obligations garanties par l’état chaque mois. Il va donc falloir trouver un autre moyen de payer pour ces projets…

Le Financial Times rapporte les déclarations de Janet Yellen lors de son audition devant le Congrès :

Un plan d’investissements dans le capital humain et d’investissements en infrastructure aidera à créer de bons emplois dans l’économie américaine et les ajustements dans le régime d’imposition aideront à payer pour ces programmes.

Il suffisait d’y penser : des dépenses qui se paient elles-mêmes. D’ici là, les entreprises et les ménages fortunés vont être mis à contribution. Il est par exemple question de faire passer le taux d’imposition sur les profits de 21% à 28%.

Ce sont, après tout, des promesses de campagne.

La Démocrate Alexandria Ocasio-Cortez avait été en pointe lors des débats relatifs au précédent plan d’aide en proposant l’instauration d’un salaire minimum à 15$ de l’heure. Dans le feu de l’action, l’élue avait alors confondu les deux économistes Milton Friedman et John Manyard Keynes dans un message sur Instagram :

J’ai lu aujourd’hui comment Milton Keynes [sic], un économiste célèbre à son époque, avait prédit que le PIB américain serait multiplié par 6 à 8 fois, ce qui permettrait au citoyen lambda de travailler 15h par semaine.

L’inflation est arrivée

Au moins Janet Yellen et Jerome Powell connaissent le nom de leur maître à penser.

L’un et l’autre ne sont d’ailleurs pas inquiets pour l’inflation qui, toujours selon eux, ne devrait être ni forte ni durable.

Peut-être ont-ils raison ?

En 2008, au plus fort de la crise financière, il y a eu trois valeurs refuges : le dollar, le Yen et les obligations du Trésor américain. Lors du krach de mars 2020, il ne restait qu’une seule valeur refuge : le dollar.

Même dans une crise financière, nous pourrons compter sur les autorités pour en imprimer en masse.

Pour l’heure, l’inflation est au rendez-vous en particulier pour ce qui est du prix des denrées alimentaires. Le prix des céréales a grimpé de 50% depuis l’été 2020, pour partie sous la pression des spéculateurs, pour partie à cause d’achats de précaution de pays comme la Chine.

L’achat de précaution est-il motivé par la sécurité alimentaire ou par la défiance vis-à-vis du dollar ?

A suivre,

Khalid Lyoubi

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