Le manageur et le technocrate au chevet du capitalisme

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Une ignorance maintenue par le responsable d’un office, alors qu’elle pourrait facilement être éliminée, constitue un méfait perfide dans l’accomplissement d’une obligation morale.

– Samuel Johnson

R.I.P. Capitalisme

Le capitalisme a connu un âge d’or lors de ces 40 dernières années grâce au crédit facile, à la dérégulation, à la force de travail des boomers et à la mondialisation.

Mais, il se pourrait que les beaux jours soient derrière nous et pas seulement parce que les tendances précédentes s’inversent.

Le problème se situe au cœur du capitalisme, dans l’entreprise.

Un récent rapport d’American Compass nous apprend que la compagnie américaine typique verse de généreux dividendes à ses actionnaires sans toutefois assurer la maintenance de l’outil productif.

Le rapport regroupe environ 90% des compagnies selon 3 catégories que nous rebaptiserons « scieur de branche », « gestionnaire », « entreprise de croissance » et mesure leur part respective dans le marché.

Parmi les trois types, seule l’entreprise de croissance a besoin d’investir tellement d’argent qu’elle doit faire appel aux marchés financiers.

 1971-19852009-2017
Entreprise de croissance9%3%
Gestionnaire82%40%
Scieur de branche6%49%
Autre3%8%

Les causes

En somme, l’économie américaine est en train de se cannibaliser.

Plutôt qu’investir, les PDG préfèrent racheter les actions de leur entreprise pour faire monter le cours… et leurs stock-options avec. Dans le même ordre d’idée, pourquoi ne pas couper dans la Recherche et Développement pour faire apparaître un profit à court terme ?

Les taux d’intérêt, maintenus artificiellement bas par les banques centrales, ont bien sûr contribué à zombifier l’économie américaine en laissant des entreprises malades gaspiller des ressources.

Nous avons aussi eu droit à de nouveaux monopoles…

Remarquez que ces entreprises n’ont pas vraiment besoin de capital… Juste de puiser dans leur trésorerie, de temps à autre, pour racheter les jeunes concurrents : Youtube, Whatsapp, Snapshat etc.

Les technocrates

Le capitalisme a certainement ses démons… Mais jusqu’à présent nous avons rarement constaté des pénuries dans les supermarchés… à part pour le papier toilette. Mais ça c’est une autre histoire.

Voilà donc que certains en profitent pour expliquer que des « experts » feront mieux que le marché pour allouer le capital en se basant sur la science… en toute indépendance… et pour le bien public…

Mark Carney, ancien gouverneur de la banque centrale canadienne puis de celle d’Angleterre, milite pour un capitalisme orienté mission ! Selon lui, les entreprises n’existent pas seulement pour faire du profit mais « pour améliorer nos vies, élargir nos horizons et résoudre les problèmes de la société, petits et grands ».

Une entreprise privée va peut-être améliorer la vie et résoudre les problèmes de M. Carney.

En effet, M. Carney vient de rejoindre Brookfield Asset Management Inc., l’un des plus grands groupes d’investissement du monde, dans le rôle de Responsable ESG (Environnement, Social, Gouvernance).

Le Sunday Telegraph décrit ainsi la rhétorique anti-marché de M. Carney :

Un discours lénifiant à une élite technocratique de Davos, qui déplore le « capitalisme sans entraves » (malgré le fait qu’en tant que régulateurs, lobbyistes et bénéficiaires du népotisme, ils ont fait un excellent travail pour entraver le supposé consensus du laissez-faire).

A suivre,

Khalid Lyoubi

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