Le capitalisme sans faillite est comme la religion sans l’enfer.
– Charlie Munger
Laisser faire
L’économie n’est rien d’autre que la somme des transactions effectuées librement entre individus. Les prix du marché sont des baromètres de ce que les gens veulent vraiment.
Si le prix d’un bien ou d’un service augmente, les capitalistes vont mobiliser du capital pour satisfaire la demande… et faire un profit.
Parfois, les participants ont moins envie d’échanger ou n’en ont plus les moyens. Peut-être ont-ils trop de dettes ? Peut-être veulent-ils épargner pour plus tard ?
Lorsque cela se produit, les prix baissent, faute d’acheteurs. Des entreprises font faillite et licencient. Les chômeurs et ceux qui ont peur de le devenir consomment moins. Le cycle se répète jusqu’à ce que les moyens de production changent de propriétaires, mais pour une fraction du prix.
Le système capitaliste pur a donc aussi son enfer.
Il est aussi très instable, surtout si les banques s’en mêlent en ajoutant du levier.
Prêteur de dernier ressort
A mesure que nos sociétés vieillissent, elles semblent vouloir plus de stabilité. Elles n’ont plus le goût pour les sensations fortes et préfèrent le purgatoire plutôt que l’enfer.
Les crises financières à répétition au 19ème siècle et au début du 20ème siècle ont consolidé le rôle de prêteur de dernier ressort, en général endossé par la banque centrale.
Le prêteur de dernier ressort doit laisser planer le doute quant à son intervention. Lorsqu’il intervient, il ne doit pas le faire trop tôt car il faut laisser mourir les compagnies insolvables. Mais il ne doit pas intervenir trop tard afin de soutenir les compagnies qui ont simplement un problème de liquidité.
Stimuler l’économie
La stabilité du système a été obtenue au prix d’une instabilité future encore plus grande.
Récapitulons.
En octobre 1987, la FED injecte des liquidités presque immédiatement après le krach boursier. Le marché repart de plus belle.
En mars 2000, après l’éclatement de la bulle internet, la FED réduit massivement son taux d’intérêt, ce qui contribuera à la spéculation immobilière.
En septembre 2008, les autorités laissent mourir Lehman Brothers pour faire un exemple (l’enfer, vous vous rappelez ?). Mais elles sont surprises par la réaction du marché et changent de direction. Les responsables restent impunis.
En mars 2020, la FED et le gouvernement interviennent de concert. Jamais il n’y a eu autant de monnaie créée en si peu de temps. Cette fois-ci, pas d’enfer, ni même de purgatoire. Le revenu disponible a augmenté de 35% au second trimestre 2020, alors même que le chômage a atteint des niveaux jamais vus depuis la Grande Dépression.
Distorsions
Nous sommes désormais à l’âge des distorsions. Le principal prix de l’économie, à savoir le taux d’intérêt à long terme, est manipulé à la baisse par les banques centrales.
L’état ne pourrait pas emprunter sans limite si les taux étaient plus élevés.
Des taux bas poussent aussi les actions à la hausse. Pensez-y, si le taux d’une obligation d’État était de 10%, auriez-vous vraiment envie d’acheter Apple avec un dividende de seulement 2% ?
Des actions qui augmentent créent un effet richesse chez ceux qui en possèdent – les plus riches. Ils s’achèteront peut-être un nouveau 4×4 ou feront des rénovations en voyant leur relevé de courtage.
Le gouvernement, de son côté, stimule l’économie réelle directement. Il choisit les compagnies qui recevront ses commandes ou ses fonds d’urgence. Ils envoient des chèques aux citoyens pour qu’ils restent sagement à la maison.
Comment tout cela va finir?
A suivre.
Khalid