Si votre seul outil est un marteau, tous vos problèmes ressembleront à des clous.
– Mark Twain
Les malentendus
Dans son dernier livre, « Parler aux inconnus », Malcolm Gladwell raconte une série d’expérimentations de la police à Kansas City pour lutter contre le crime dans les années 1970.
La première expérimentation consistait à faire patrouiller davantage de véhicules dans les secteurs mal famés. Cela n’eut aucun effet sur la criminalité.
Les policiers essayèrent ensuite une nouvelle approche. Ils allèrent taper à la porte de chacun des habitants pour leur demander de les appeler s’ils voyaient des armes circuler. La démarche fut populaire mais ils ne reçurent que très peu d’appels. Les gens avaient simplement trop peur de sortir et ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait autour d’eux.
Finalement, la police décida de faire des contrôles routiers la nuit et dans les 4% de rues qui généraient 50% de la criminalité. Les résultats furent immédiats et spectaculaires. Dans ces quartiers, la police immobilisait un véhicule au moindre soupçon. L’objectif était d’appréhender des criminels et de retirer des armes à feu de la circulation.
Les autres villes américaines se sont depuis inspirées de cette méthode. Cependant, au lieu de cantonner la tactique aux zones criminogènes, elle a été étendue partout y compris sur les routes de campagnes.
Nous en voyons le résultat aujourd’hui … avec les nombreuses bavures policières.
Si un traitement agressif est approprié sur une tumeur cancéreuse maligne, faut-il l’appliquer dans une zone qui a peu de problèmes ?
Ne risque-t-on pas de multiplier le nombre de malentendus si la police arrête n’importe qui pour des infractions mineures ?
Les inconnus
La thèse de Malcolm Gladwell est qu’il faut être prudent lorsque nous traitons avec un inconnu. Nous ne savons rien de ses intentions. Nous ne pouvons pas lire sur son visage s’il ment ou s’il dit la vérité, même si nous pensons en être capable. Plus précisément, nous y parvenons dans seulement 54% des cas.
Il ne faut pas blâmer l’inconnu parce qu’il est nerveux ou défensif. Il ne faut pas, non plus, lui faire confiance s’il nous met à l’aise.
Et les marchés financiers dans tout ça ?
Bernie Madoff est l’un des exemples abordés dans le livre. Dans les années 2000, un reporter du Wall Street Journal entra en contact avec Madoff pour discuter avec lui des soupçons qui pesaient sur ses affaires. Madoff le reçut et lui donna l’impression d’être amusé par ces allégations. Le journaliste laissa tomber l’investigation…
Vous le saviez déjà, il ne faut pas se fier aux apparences… surtout avec les inconnus.
A suivre,
Khalid Lyoubi