Le monde, tel que nous le connaissons, est ce lieu où les grands affrontent les petits, sans que les uns ou les autres soient jamais sûrs de leurs tailles respectives, et d’ailleurs tous se trompent.
– David Gilbert, Les Normaux
Scénario 2 : l’atténuation de la crise
Introduction
Cet article est la suite du scénario 1: l’aggravation de la crise.
Dans ce scénario, de nouvelles forces viennent tempérer la psychose collective vis-à-vis du virus. Le virus n’est ni plus ni moins mortel que dans le scénario précédent. Seule la perception change.
L’accalmie permettra au public de réaliser que le pire est sans doute derrière nous. Le virus rejoindra alors la famille quatre des coronavirus existants pour devenir un rhume comme un autre.
La première vague du virus au début 2020 a probablement décimé la partie de la population humaine dont le code génétique n’était pas adapté et qui n’a pas bénéficié d’une immunité naturelle croisée ou par vaccin. Pour la suite des choses, seules les personnes non exposées et non vaccinées qui font partie des groupes à risque auront réellement du souci à se faire.
Tournant dans la perception des mesures sanitaires
L’autorisation sera donnée pour offrir le vaccin aux jeunes de moins de 12 ans sur une base volontaire. Les parents particulièrement inquiets se précipiteront pour faire inoculer leurs enfants. Quelques jours plus tard, le décès d’un enfant de 6 ans des suites du vaccin fera la une des journaux.
L’émotion suscitée va amener certains médecins à sortir de l’ombre et briser l’omerta. Ils dénonceront la vaccination pour les enfants comme contraire à l’éthique. Un torrent de témoignages va démontrer les pressions exercées sur les soignants pour ne pas aller à l’encontre du discours dominant.
Par principe de réalisme, le gouvernement décrètera un moratoire et désignera une commission d’enquête. Naturellement, même sans cette décision, les parents ne voudront plus vacciner leurs enfants.
Un débat public est demandé pour discuter du bien fondé de la stratégie sanitaire. Des experts qui n’avaient jusque là pas le droit de cité exposeront les alternatives :
- La Suède, qui a connu une mortalité moyenne sans sacrifier les libertés individuelles et qui a abandonné toutes les restrictions ;
- D’autres pays qui n’ont pas mis en œuvre de restrictions et où il n’y a pas eu d’hécatombe ;
- Les pays africains et les bidonvilles indiens où le virus s’est largement diffusé sans faire beaucoup de victime du fait de l’immunité naturelle.
A l’école
Des parents échangeront des insultes et des coups lors d’une manifestation devant une école contre le port du masque. Le pays sera sous le choc à la suite de ces images. Dans les journaux télévisés, certains experts expliqueront que les enfants n’étant pas à risque, plus vite le virus circulera plus vite l’immunité naturelle sera acquise. Quant aux populations à risque, elles auront eu tout le temps de se faire vacciner. Pour les familles avec des membres immunodéprimés, on pourra proposer l’école à distance.
Le gouvernement retirera finalement l’obligation du port du masque à l’école. Les parents qui souhaiteront continuer à faire porter le masque à leur progéniture seront autorisés à le faire. A la suite de cette décision, certains parents préfèreront faire l’école à la maison plutôt que de risquer d’attraper le virus.
Au passage d’une n-ième manifestation hostile aux mesures sanitaires, un individu armé ouvrira le feu sur les manifestants provoquant la mort de trois personnes, avant d’être interpellé. L’opinion basculera après cet incident.
Retour au travail
Le premier signe d’un changement d’approche des autorités sanitaires sera la reconnaissance que l’immunité naturelle offre une protection au moins égale à celle du vaccin. Par conséquent, les survivants du virus seront éligibles pour le passeport vaccinal pour une durée de 18 mois.
La perspective d’une vaccination obligatoire s’éloignera et le gouvernement laissera le champ libre aux entreprises pour décider si elles imposent la vaccination à leurs salariés ou non. Les compagnies minières et pétrolières et celles de la construction décideront de ne pas imposer le vaccin. Les banques et les compagnies technologiques iront de l’avant.
Un article de presse attirera l’attention sur des cas de plus en plus nombreux d’employés de bureau vaccinés qui refusent de réintégrer leur poste alors même que tous leurs collègues sont vaccinés et portent des masques. Ils auront en effet compris que le virus peut être transmis par leurs collègues vaccinés et ne voudront pas risquer de le rapporter à la maison.
Réduction des restrictions sanitaires
Un nombre important de pays étrangers décidera d’alléger les restrictions sanitaires, ce qui fournira la justification au gouvernement pour mettre un terme au passeport vaccinal.
Certaines entreprises qui ont une clientèle à risque souhaiteront le maintenir et porteront l’affaire au tribunal administratif, qui se déclarera incompétent. L’affaire sera ensuite portée à la plus haute cour de justice qui devra dire si une entreprise peut discriminer sa clientèle selon le statut vaccinal. La cour tranchera en faveur de ces entreprises mais uniquement dans le cas d’un vaccin stérilisant qui empêche la transmission.
Avec la fin du passeport vaccinal, une partie des vaccinés réduira ses activités sociales de peur d’être contaminée par les non-vaccinés et leurs enfants, surtout leurs enfants. Un groupe de pression provax verra le jour pour demander au gouvernement des accommodements raisonnables : réserver l’accès aux restaurants, cinémas et spectacles uniquement aux vaccinés certains soirs de la semaine.
La plupart des élus étant dans le groupe à risque, la mesure sera votée au parlement sans difficulté. De plus, le passeport vaccinal demeurera en place pour les événements impliquant plus de 5000 personnes.
Approche plus équilibrée pour lutter contre le virus
Avec le retour à la raison, un nouveau consensus se dégagera pour lutter contre le virus selon une approche concertée. Certains suggéreront que s’il s’agit réellement d’une guerre, alors pourquoi n’engager qu’une seule arme ? La réponse devra désormais couvrir différents volets : immunité naturelle, traitements médicamenteux, kit de prévention à base de vitamine D et de zinc, masques N95 pour les travailleurs en contact avec le public, nouveaux systèmes de ventilation anti-gouttelettes, gestes barrières, lavement nasal avant le coucher, tests rapides à partir de salive, incitations financières pour une contamination lors des creux épidémiques, vaccins et surtout investissements massifs dans le renforcement des capacités hospitalières.
Dans la mesure où les chiffres indiquent que 95% des personnes hospitalisées ont plus de 60 ans, la communication des autorités sanitaires se concentrera principalement sur ce groupe. Des convocations sont émises à destination des assurés de plus de 60 ans pour une vaccination tous les deux mois.
Société civile
Dans les salles de presse et les plateaux télévisés, c’est l’heure des règlements de compte. Des journalistes qui étaient en pointe pour porter la parole officielle pendant la crise seront l’objet de campagnes de dénigrement. On leur reprochera leurs manquements au code déontologique et le harcèlement qu’ils ont organisé contre des collègues sceptiques.
En parallèle, des voix s’élèveront pour amender la constitution afin de fermer une brèche que les gouvernements ont exploité lors de la crise : tel le pompier pyromane, un gouvernement mal intentionné peut restreindre la capacité hospitalière ce qui crée une urgence sanitaire qui lui permet de gouverner sans contre-pouvoirs. De même, à partir de la jurisprudence du vaccin, des groupes anti-avortement proposeront de faire payer le prix de la liberté à celles qui exerceront leur droit : interdiction d’utiliser une clinique d’infertilité, interdiction d’adopter, etc.
A l’université, une crise sans précédent éclatera. Les universitaires n’étant jamais intervenus publiquement pour s’opposer aux mesures liberticides ou si peu, ils apparaîtront du mauvais côté de l’histoire. Les langues commenceront à se délier et révèleront une infestation marxiste du monde universitaire où la pensée critique a été remplacée par la pensée unique.
L’image de la science sera aussi écornée auprès du public. Le choc de l’autorisation de la vaccination des enfants mettra en lumière une volonté de faire le bonheur des gens malgré eux, quitte à prendre quelques libertés avec la vérité. Des dénonciations anonymes sur de possibles conflits d’intérêt pousseront à la démission certains hauts fonctionnaires et des médecins reconnus mondialement.
Inflation
Dans ce scénario, avec la fin du passeport vaccinal, une partie de la population très favorable aux mesures sanitaires ne souhaitera plus prendre le risque de rencontrer des non-vaccinés. Le chiffre d’affaires des commerces baissera donc, mais moins que dans le premier scénario puisque les vaccinés réfractaires au passeport vaccinal participeront dans ce scénario.
Au travail, il y aura la même configuration. Une partie des vaccinés ne voudra pas être près de non-vaccinés dans les entreprises qui n’imposent pas la vaccination. Ceux qui sont proches de la retraite la prendront par anticipation ou en négociant avec l’employeur. Certaines femmes tomberont opportunément enceintes pour gagner du temps en attendant d’y voir plus clair. D’autres pourront continuer en télétravail indéfiniment, du moins jusqu’au moment où ils en auront assez. Finalement, un petit nombre quittera son emploi pour travailler dans des entreprises où la vaccination est imposée.
Les vaccinés qui côtoieront des non-vaccinés s’acclimateront rapidement. Dans de rares cas, des employés vaccinés seront hospitalisés à la suite d’une infection sur le lieu de travail, ce qui entrainera des poursuites judiciaires contre les employeurs. Mais les montants en jeu seront faibles et de toute façon couverts par un programme gouvernemental.
La perte de productivité sera moindre que dans le premier scénario mais suffisante pour une poussée inflationniste. De plus, l’interventionnisme de l’État et l’augmentation du ratio de dépendants (retraités, inactifs, chômeurs etc.) contribueront également à la hausse des prix.
Normalité presque normale
Les gouvernements feront passer le message qu’il faudra apprendre à vivre avec le virus. Cette fois-ci, ils voudront dire qu’étant donné qu’il n’existe pas de remède miracle, l’essentiel des contraintes pèseront sur les personnes à risques. Elles seront toutefois libres de leurs choix.
Une manifestation de personnes du groupe à risque souhaitant la reprise de mesures draconiennes rassemblera quelques dizaines de personnes seulement. L’échec de cette manifestation sera dû à la peur des participants d’attraper le virus à l’extérieur à cause des autres manifestants triplement vaccinés et masqués. Les organisateurs annonceront qu’une autre manifestation est prévue et se tiendra en voiture (et masque).
Les vols internationaux continueront d’exiger un test PCR et/ou un vaccin.
Fin de la crise du covid
Quelques années après la fin de la crise du covid, le virus ne fera plus vraiment peur. La presque totalité de l’humanité y aura été exposé, avec ou sans vaccin. Les gens seront attentifs à l’apparition d’une nouvelle souche de grippe ou d’Ebola, mais sans perdre le sommeil pour la plupart.
Néanmoins, une minorité indécrottable continuera de porter le masque à l’épicerie ou à demander une preuve de vaccination avant de laisser rentrer un plombier ou un entrepreneur.
De l’autre côté du spectre, un groupuscule nommé « Pure Gêne » prétendra préserver la pureté de leur code génétique de toute interférence des vaccins ADN et ARNm. Ces personnes refuseront de se reproduire avec les vaccinés au prétexte que leur patrimoine génétique est altéré.
Hormis ces cas extrêmes, la vie ressemblera à celle d’avant le virus.
La nature ayant horreur du vide, les inquiétudes sur le virus cèderont la place à celles sur le changement climatique. Il sera proposé de pénaliser « ceux dont les choix de vie nous mettent tous en danger » : interdiction des voitures non électriques dans les villes, quota de déchets maximum par foyer, campagne de harcèlement social vis-à-vis des mangeurs de viande.