Alors qu’autrefois, les personnes de haut rang étaient celles, et seulement celles, qui couraient des risques, et subissaient les inconvénients de leurs actes […] Nous assistons à l’essor d’une nouvelle classe d’antihéros, de bureaucrates, banquiers […] qui participent au Forum de Davos […] sans véritable inconvénient ni responsabilité. Ils mettent le système en jeu tandis que les citoyens paient la note.
– Nassim Taleb, Anti-fragile
Les derniers seront les premiers
Le récent plan d’aide Covid19 contient quelques nouvelles surprises qui nous ont échappé lors de notre précédent article. Nous lisons sur CNBC que :
Les fonds de pension en question concernent les secteurs comme la construction, l’industrie, l’exploitation minière, le transport et le divertissement.
Que vient-il de se passer?
Disons que le gouvernement a déshabillé Paul pour habiller Jacques. Et Jacques n’en demandait pas tant. Les fonds de pension ont tendu la main pour obtenir des prêts à long terme… Et ils ont eu un généreux don de l’oncle Sam.
Les employés non syndiqués du secteur privé sont les dindons de la farce. Personne ne leur a promis quoi que ce soit pour leur retraite. Ils doivent se contenter de cotiser dans leur plan de capitalisation individuel 401k. Si les marchés financiers s’effondrent, plus de retraite, nada, game over, finito.
Bombe à retardement
Ce n’est probablement qu’un début. Il y a beaucoup d’autres fonds de pensions : les policiers, les pompiers, les enseignants, les employés des villes et des états. Ces fonds-là ne pourront pas non plus payer ce qu’ils ont promis.
Comment en est-on arrivé là ?
Les fonds de pension sont les bouche-trous de Wall Street… Et, il y a toujours de la place pour les copains qui passent.
Décidément aussi, les fonds de pension aiment faire les choses à l’envers : acheter cher des produits qu’ils ne comprennent pas…
Les taux obligataires sont très bas depuis des années… Ça n’aide pas.
Pour atteindre leurs objectifs de rendement, ils achètent des produits de plus en plus risqués. Après tout, si la FED achète des obligations à haut risque, pourquoi pas eux ?
Les employés et employeurs s’entendent pour truander le système… Le salaire de la dernière année de service est généreusement revalorisé afin de beurrer épais la pension.
Et bien sûr, les cotisants n’ont pas assez cotisé.
D’une certaine façon, ces fonds de pension multi-employeurs ont fait preuve d’une gestion très prévoyante. En effet, en échouant avant tous les autres, ils bénéficieront de dollars qui auront encore de la valeur.
Tant pis pour les retardataires, il n’y aura plus de canots de sauvetage pour tout le monde.
Dettes non provisionnées
La dette fédérale américaine est d’environ 28 billions de dollars. C’est assez impressionnant. Mais tel Enron au début des années 2000, le plus inquiétant est ce qui est hors bilan.
Le gouvernement américain finance des programmes comme Medicare (frais de santé des plus de 65 ans) et Medicaid (minimum vieillesse) dont le coût pour les 75 prochaines années n’est pas couvert.
Selon la source, le manque à gagner serait entre 50 et 200 billions de dollars. Si l’espérance de vie continue d’augmenter et que la natalité continue de baisser, il y a quelque chose qui ne va plus fonctionner.
Il faudra alors trouver un nouvel équilibre entre les générations.
Peut-être verra-on de plus en plus de boomers retourner des burgers ? A moins que les Milléniaux ne s’installent sous le même toit que leurs grands-parents ?
Dans tous les cas, nous plaignons les futurs retraités.
A suivre,
Khalid Lyoubi