Un gouvernement assez fort pour vous donner tout ce que vous voulez l’est assez pour vous enlever tout ce que vous avez.
– Thomas Jefferson
Crack-Up Boom
Les gouvernements des pays riches veulent stimuler leur économie. Grand bien leur fasse.
L’expansion monétaire actuelle n’a jamais été si forte depuis la seconde guerre mondiale. Mais contrairement à la crise financière de 2008, la monnaie fraîchement imprimée n’est pas cantonnée au système bancaire.
Cette fois-ci, le gouvernement la dépense directement dans l’économie. A mesure que les citoyens sont remis en liberté conditionnelle, l’épargne qu’ils ont accumulée va pouvoir être employée pour obtenir un crédit immobilier, acheter une nouvelle voiture, ou refaire les rénovations par un professionnel.
A ce stade, l’inflation devient manifeste. La monnaie se déprécie rapidement. Les épargnants, même inattentifs, réalisent ce qui se passe et s’empressent de se débarrasser de leur monnaie. Ils achètent des actions, de l’or ou des terrains. Ils achètent n’importe quoi pourvu qu’ils se débarrassent de leurs devises. On parle alors de boom d’effondrement ou « Crack-Up Boom ».
En apparence, pour le bureaucrate dans sa banque centrale ou dans son cabinet, tout a l’air pour le mieux. Le marché boursier décolle. La consommation explose. Tout cela l’encourage. Comme Ben Bernanke, il a alors le « courage d’agir ».
Le banquier central
Face à cette demande massive de monnaie pour consommer et investir, le banquier central fait son devoir : servir les intérêts … de la majorité dépensière.
Le banquier central veut bien faire. Aux États-Unis, au moins, son mandat est de maintenir des prix stables et de favoriser l’emploi. Aussi, si les prix augmentent mais que le chômage diminue, la FED a rempli son contrat.
L’Europe regarde la FED avec jalousie. Son mandat est uniquement de contrôler l’inflation. Tant que l’inflation reste faible, la BCE ne va pas se priver d’acheter la quasi-totalité des émissions obligataires italiennes ou espagnoles qui financent dieu sait quoi. Mais si l’inflation réapparaît, c’est une tout autre histoire.
Au Royaume-Uni, la banque centrale ne joue plus dans la même catégorie que la FED et la BCE. Elle monétise directement la dette du gouvernement. Autrement dit, elle crée l’argent à partir de rien et le confie au gouvernement pour faire ce que bon lui semble sans avoir à le rembourser. Les banques centrales américaine et européenne ont, pour le moment au moins, la pudeur de faire comme si les gouvernements allaient repayer les dettes contractées.
Le banquier central est le prototype d’Intellectuel-Mais-Idiot de Nassim Taleb. Il est diplômé des meilleures écoles, sait mieux que vous ce qui est dans votre intérêt, confond la science et la pseudo-science, a eu tort sur de nombreux sujets, sur Mao, sur Staline, sur les cités dortoirs, sur la mondialisation, sur la fin de l’histoire, sur les risques systémiques, sur les OGM etc. sans que cela le trouble. Surtout, il n’a pas à subir les conséquences de ses mauvaises décisions.
Cordialement,
Khalid Lyoubi