Archegos est synonyme de démesure

C’est étrange que certains commettent des délits quand il y a tellement de façons parfaitement légales d’être malhonnête.

– Georges Courteline

La déflagration

Archegos, un fonds spéculatif a défrayé la chronique depuis vendredi 26 mars. Et Dieu sait qu’il en faut beaucoup pour épater Wall Street…

En effet, le fonds est à l’origine de ventes de liquidation massives notamment sur Viacom et Discovery qui ont fait chuter les titres de 50% en quelques jours.

Cependant, il ne s’agit pas, cette fois-ci, de la ferveur spéculative de petits investisseurs comme dans le cas de Gamestop.

Jusqu’à la semaine passée, Archegos détenait 10 milliards de dollars d’actifs principalement en actions américaines du secteur des médias et en actions technologique chinoises.

Nous pensons que la valeur actuelle de ce fonds est beaucoup plus proche de 0… et pas nécessairement du côté positif.

Les faits troublants s’égrènent dans la presse. D’abord, il y a levier financier. Le fonds ne s’est pas contenté de spéculer sur les titres, il a préféré négocier un contrat dérivé sur actions pour décupler les gains… et les pertes.

Pourquoi se compliquer la vie ainsi ? Nous avons déjà parlé du levier, c’est du classique. Mais, il y a mieux.

Yahoo! Finance nous apprend que :

Alors que les investisseurs qui accumulent une position supérieure à 5% dans une compagnie publique américaine doivent normalement déclarer leur position et toute nouvelle transaction, ce n’est pas le cas pour des positions établies en utilisant le type de dérivés apparemment employés par Archegos.

Qui sait, peut-être qu’en plus du beurre, de l’argent du beurre, Archegos prévoyait aussi d’obtenir le sourire de la fermière en réduisant les taxes sur leurs gains avec ce dispositif ?

Après tout, il faut bien être à la hauteur de ce nom… Archegos…

Dommages collatéraux

Autre ingrédient d’une histoire à succès : le gratin de la haute finance est éclaboussé et pas qu’un peu.

Des banques comme Nomura et Crédit Suisse qui ont prêté des fonds ont reconnu des pertes financières de 2 mds et 3-4 mds respectivement.

Pas si mal pour un fonds de seulement 10 milliards…

Il faut croire que la gestion des risques de ces banques faisait sans doute juste de la figuration… et que les régulateurs devaient être trop occupés à lutter contre le changement climatique.

Crédit Suisse est-il victime de la loi des séries ? Certains appellent son PDG, Urs Rohner, à renoncer à sa compensation lors de son départ en avril. Le Financial Times souligne que :

Son palmarès en gestion des risques durant son mandat est terrible, dit David Herro, DG de Harris Associates, rappelant que la banque a été mêlée aux scandales de Luckin Coffee, Wirecard, et plus récemment Greensill Capital.

Lorsqu’on trouve un cafard, d’autres ne sont pas loin non plus…

Outre les risques démesurés pris par le fonds et les courtiers, nous apprenons qu’Archegos gère la fortune de Bill Hwang et que ce dernier a été condamné pour délit d’initié en 2012… Scout un jour, scout toujours.

Le feuilleton tient en haleine Wall Street. Maintenant, à qui le tour ?

Les paris sont ouverts.

Très sincèrement,

Khalid Lyoubi

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