⭐⭐⭐Livre « One Simple Idea » de Stephen Key

Introduction

Le livre One Simple Idea de Stephen Key est peut-être justement un peu trop simpliste. Il est certainement dans l’air du temps, celui qui consiste à trouver un raccourci. Avec Stephen Key, pas besoin de prototype ni de brevet, il suffit juste de convaincre une entreprise de signer une entente pour utiliser votre idée, simple elle aussi. Le lecteur attentif comprendra que pour réussir à obtenir ce deal, une expertise pointue dans les procédés manufacturiers aide beaucoup…

Ceci étant dit, il est intéressant de connaître le concept de production sous licence et dans quel cas l’utiliser. Le livre contient aussi des informations utiles pour tout apprenti inventeur.

Points clés à retenir

  • L’entreprise idéale pour fabriquer un produit sous licence est une entreprise de taille moyenne qui rêverait de devenir numéro 2 ou 3 sur le marché.
  • Aujourd’hui, les entreprises sont plus ouvertes qu’auparavant à travailler avec des prestataires externes pour leurs idées.
  • Du fait de la bureaucratie corporative, les entreprises ne sauraient pas reconnaître une bonne idée même si elles tombaient nez à nez avec elles.
  • Les grandes entreprises sont plus enclines à acheter un brevet (ou une entreprise) qu’à fabriquer sous licence.
  • Obtenir des brevets, fabriquer un prototype, organiser la production… tout cela prend des années. Aujourd’hui, il vaut mieux être le premier à offrir un produit. C’est pourquoi la fabrication sous licence est particulièrement pertinente puisqu’on s’appuie sur des acteurs déjà présents sur le marché.
  • Quand produire sous licence et quand devenir manufacturier ?
    • Licence : idée simple + technologie existante + >3 acteurs sur le marché
    • Manufacture : idée unique + nouvelle technologie + 1 ou 2 acteurs
  • La première étape, qu’il s’agisse de fabrication sous licence ou de manufacture, est toujours d’étudier le marché.
  • Par exemple, il est très payant d’effectuer des recherches sur ce qui existe dans le marché à l’aide de Google Images et Google Products.
  • Allez dans les « trade shows » comme observateur et parlez aux participants ! C’est un moyen d’apprendre beaucoup et en peu de temps sur une industrie donnée.
  • L’erreur la plus fréquente des inventeurs est d’inventer pour leurs besoins au lieu d’inventer pour les besoins du marché.
  • L’entreprise cible qui fabriquera sous licence est intéressée par deux choses : le prix au détail et le coût de production.
  • Observez comment un produit est utilisé et identifiez de nouvelles façons de l’améliorer même marginalement.
  • Pour sélectionner vos idées pour la fabrication sous licence, voici 4 critères à considérer :
    • Est-ce que ça résout un problème courant ?
    • Est-ce que ça crée un effet « wow » ?
    • Est-ce que ça touche un large marché ?
    • Est-ce que ça peut être développé avec une technologie existante ?
  • Dans la mesure du possible, recherchez l’expertise dont vous avez besoin. Idéalement, essayez de trouver quelqu’un qui a déjà fait ce que vous voulez faire et posez-lui vos questions.
  • Si une entreprise est intéressée par votre produit, elle vous demandera :
    • Comment le fabrique-t-elle ?
    • Combien ça coûte ?
  • Il vous faudra répondre à ces questions avant de vous lancer de vous investir davantage dans votre idée :
    • Est-ce que l’idée génère de l’enthousiasme ?
    • Qui va acheter votre produit ?
    • Pourquoi vont-ils l’acheter ?
    • Où vont-ils l’acheter ?
    • Combien sont-ils prêts à payer pour ?
  • Pour tester davantage votre idée, pourquoi ne pas produire une petite série et la vendre sur ebay ou craiglist ? 
  • Si vous vous placez du point de vue de l’entreprise avec qui vous négociez, celle-ci s’intéressera aux idées qui :
    • Ne nécessitent pas de changements à leurs lignes de production existantes
    • N’ont pas besoin de nouveaux canaux de distribution
    • Sont rentables
  • Une façon de savoir si votre idée est faisable et rentable serait de parler avec un manufacturier qui produit des articles similaires. Vous trouverez une liste de tels manufacturiers en vous adressant à l’organisation professionnelle correspondante.
  • Voici une façon d’aborder le manufacturier pour avoir son avis : « Je m’appelle X de l’entreprise XYZ design. Je travaille sur un projet spécial pour un client et j’aimerais vous envoyer quelques dessins et obtenir un devis. » Pensez juste à faire signer un accord de confidentialité (NDA) et ayez en main votre brevet provisoire avant d’avoir ce type d’échange. Cela aide aussi d’indiquer la mention « brevet en cours » sur vos dessins…
  • Quelques ressources utiles pour connaître les procédés industriels :
    • Programme « How it’s made »
    • Howstuffworks.com
    • Howstuffismade.org (http://www.madehow.com)
  • Obtenir un brevet coûte de l’ordre de 10 000 dollars. Fabriquer un prototype coûte des milliers de dollars supplémentaires. Or, sauf dans le cas où votre idée exige de nouveaux procédés, vous n’avez pas, en général, besoin ni d’un brevet ni d’un prototype. Vous pourriez vous contenter d’un brevet provisoire pour protéger votre idée et d’un faux prototype pour démontrer votre concept.
  • Il y a en fait deux types de prototypes : 
    • Preuve de concept : faites une vidéo avec votre prototype grossier
    • Mock-up : modèle 3D sur ordinateur, photo, prototype physique
  • À notre époque, les choses vont très vite. Il faut trouver la façon la moins chère et la plus rapide de démontrer votre idée.
  • Pour créer un prototype, vous pourriez utiliser l’une de ces techniques :
    • Collages et assemblages à partir de parties trouvées dans le commerce
    • Utilisation de « foamcore » pour sculpter un modèle
    • Papier et carton plus Photoshop
    • Moule par injection : ce serait plutôt à l’entreprise qui produit sous licence de payer les 10 000 ou 20 000 dollars nécessaires. À défaut, vous pouvez faire une moule au silicone pour environ 100$.
    • Impression 3D
  • Note importante : Aux États-Unis, le droit de propriété va au premier qui découvre l’invention. Dans la plupart des autres pays, il va au premier qui enregistre son invention.
  • Vous pouvez utiliser une entente de non-divulgation (NDA) dans vos discussions avant de soumettre une demande de brevet. 
  • Il y a 3 types de brevets :
    • Design,
    • Plantes,
    • Utilité, c’est le type qui correspond aux inventions à proprement parler.
  • Ce dernier type de brevet est valide 20 ans à partir du moment où il a été soumis. Notez que vous aurez des frais à payer périodiquement pour maintenir vos droits durant cette période.
  • Le coût est d’environ 8000 dollars pour un tel brevet. Cela prend au minimum 24 mois pour être approuvé, mais comptez en général 3 ou 4 ans pour terminer le processus.
  • Il est souvent plus avisé d’utiliser le PPA ou « Provisional Patent Application » pour commencer. Cela vous donne 12 mois durant lesquels vos droits sont protégés. De plus, la soumission ne coûte qu’environ 100 dollars et vous n’avez pas besoin d’un avocat pour faire la demande. En fait, les agents du bureau des brevets ne regarderont même pas vos documents durant ces douze mois.
  • Vous pouvez utiliser https://neustelsoftware.com/patentwizard/ pour vous aider à compléter la demande de brevet provisoire.
  • Quand soumettre votre demande de PPA ? Quand vous êtes prêt à démarcher des entreprises et pas avant.
  • Pensez à documenter chronologiquement le développement de votre idée dans un carnet de laboratoire ou carnet d’inventeur ou log book. Ce document contient la date de l’idée, sa description, des dessins, les évolutions de l’idée, les tests, les prototypes créés, les conceptions assistées par ordinateur, les spécifications techniques et fonctionnelles, les calculs, notes de conversations avec des experts et des entreprises, les rencontres avec l’avocat, etc. Soyez le plus détaillé possible. Conservez vos reçus. 
  • Le carnet de laboratoire doit être relié. Faites contresigner par un tiers qui ne fait pas partie de vos proches.
  • Si votre idée est vraiment unique, vous aurez besoin d’un ou plusieurs brevets. Dans ce cas-là, faites-vous aider par un avocat spécialisé dans le domaine en question. Cela ne vous dispense pas d’en apprendre le plus possible sur tout le processus ni de faire vos recherches sur Google Patents de votre côté aussi.
  • Quand faire la publicité de votre idée ? Uniquement après l’avoir protégée et après avoir fait signer une entreprise pour fabriquer sous votre licence.
  • Afin de présenter votre idée à un prospect, rédigez un court slogan et une présentation commerciale sur une page. 
  • Slogan sur une ligne : commencer par faire une liste d’au moins trois bénéfices de votre produit qu’on ne trouve pas dans d’autres produits similaires. Classez-les par ordre d’importance. La description de votre bénéfice le plus important (sur une ligne) est votre slogan.
  • Présentation commerciale : c’est l’équivalent sur papier d’un panneau publicitaire. Elle contient :
    • Votre slogan
    • Une représentation visuelle de votre idée
    • Vos coordonnées
    • Autres bénéfices
    • Preuves de votre propriété intellectuelle : numéro de brevet ou mention « patent pending »
  • Si jamais vous devez utiliser les services d’un prestataire, par exemple pour du prototypage, de la conception assistée par ordinateur, etc. , faites-lui signer un « Work For Hire agreement » ou contrat de travail à la commande.
  • Lorsque vous contactez l’entreprise, votre interlocuteur idéal est le gestionnaire produit au département marketing. À défaut, un représentant des ventes fera aussi l’affaire. N’envoyez pas de courriel, appelez la personne.
  • Pour trouver un contact dans une entreprise, vous pourrez utiliser : Linkedin, Hoovers, Info USA, Jigsaw, Zoom Info, Xing.
  • Lorsque vous vous présentez à une entreprise, ne le faites jamais en tant qu’inventeur. Ce terme est connoté négativement. Présentez-vous plutôt comme faisant du « développement produit » ou travaillant avec une entreprise de design. Votre interlocuteur comprendra ainsi que vous travaillez avant tout pour le marché.
  • Lorsque vous appelez l’entreprise, si on ne semble pas comprendre l’objet de votre appel, demandez simplement de parler à quelqu’un dans le département « ventes ». 
  • N’envoyez de l’information supplémentaire à l’entreprise que si elle vous a donné son accord.
  • Vérifiez que l’information complémentaire a bien été reçue et demandez à votre interlocuteur comment fonctionne le processus et ce à quoi s’attendre.
  • S’il n’y a pas de réponse après un délai raisonnable, vous pouvez appeler votre contact pour vérifier où il en est. Demandez-lui s’il a des questions ou s’il a besoin d’information supplémentaire qui pourrait l’aider à accélérer le processus de revue.
  • Si on vous dit non, demandez pourquoi. Cela vous aidera à améliorer votre proposition. Parfois, l’idée est bonne, mais pas pour cette entreprise ou pas à ce moment-là.
  • Soyez créatif pour contacter l’entreprise ciblée : passez par leur agence de publicité, contactez le service design, faites-vous introduire par une connaissance commune, contactez l’agence locale, adressez-vous aux consommateurs de l’entreprise pour attirer leur attention.
  • Lors de la négociation, le plus important est d’avoir le plus possible d’informations sur ce que produit l’entreprise, ce qu’elle vend et dans quels marchés.
  • La négociation peut prendre de six semaines à six mois typiquement. Alors, soyez patient. 
  • Un des premiers points à déterminer est si l’entente est exclusive ou non (vous pouvez avoir d’autres contrats avec d’autres entreprises). Si elle l’est, il faudra préciser où elle est exclusive : quels territoires, quels types de produits et quels canaux de distribution ?
  • Vous devriez chercher à savoir à quel prix votre produit va être vendu et selon quelles quantités prévisionnelles.
  • Outre les droits exclusifs, il y a plusieurs concepts à connaître pour l’entente :
    • Royalties ou redevances : autour de 5% du volume des ventes de gros. Cela peut être une bonne idée de demander une avance pour le paiement des frais de brevet, car ça va donner une incitation à l’entreprise pour récupérer sa mise.
    • Garanties minimales : c’est le point le plus important. Sans une clause relative à la performance, l’entreprise qui produit sous licence pourrait simplement ne rien faire… et ne rien vous payer tout en vous empêchant de rémunérer votre idée auprès d’autres entreprises. C’est pourquoi vous devriez stipuler un montant minimum de redevances, peu importe le volume des ventes.
    • Date de mise en marché : si malgré tous vos efforts, vous ne parvenez pas à obtenir des garanties minimales, vous devriez exiger d’indiquer un intervalle de dates où le produit doit être mis sur le marché, faute de quoi vous récupérez vos droits.
    • Améliorations : il vaut mieux laisser ce point pour la fin. Toute amélioration que l’utilisateur de votre licence fait doit vous revenir. Il ne faut pas partager la paternité de l’idée.
    • Audits : cette clause est là pour vous assurer que vous êtes payé ce qui vous est dû. L’entreprise pourrait en effet minimiser ses ventes pour vous payer moins. En général, pour faire passer la pilule, vous vous engagez à payer l’auditeur si aucune irrégularité n’a été trouvée.
  • Une fois l’entente signée, il vous faudra surveiller votre relation. Offrez votre aide, mais ne devenez pas trop collant. Vous devrez garder vos yeux et vos oreilles ouverts pour suivre ce que fait l’entreprise qui produit sous licence. Si vous découvrez quelque chose d’anormal, parlez-en avec l’entreprise. Par exemple, ils vendent le produit chez Walmart et vous ne recevez pas de redevances pour ça… Dans tous les cas, il est bon que l’entreprise réalise que vous êtes vigilant.

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